La Solitude

Il y a 14 million d'habitants à Mumbai. Ca veut dire que je suis entourée des dizaines, des centaines, voir des milliers de personnes (surtout dans le train) tout le temps.

Plus que la chaleur, le bruit, la saleté, ce que trouve le plus difficile c'est de ne jamais pouvoir être seule.

Dans mon appartement, il y a souvent les personnes qui viennent me voire: ma voisine (pour l'eau), les propriétaires (pour l'argent), le plombier (pour je ne sais pas quoi). Tous les jours, quelqu'un frappe à ma porte.

La voisine, c'est de moins en moins parce que maintenant on s'en gueule et elle s'est rendue compte que je ne vais pas la permettre de me marcher dessous.

Les propriétaires: "On sait que tu es censée payer demain, mais si tu as l'argent aujourd'hui... et puis il faut aussi payer la femme de ménage..."

Le plombier. Je ne sais pas ce qu'il veut parce qu'il ne parle pas anglais et je ne parle pas hindi. La première fois qu'il est venu, j'ai appelé une copine pour qu'elle pourrait traduire. Maintenant je n'ai plus envie de gaspier ni mon temps ni mon crédit parce que la voisine est convaincue qu'il y a une fuite d'eau. Si elle est si inquitète elle pourrait venir aussi.

Les restos, les cafés, les plages, les rues sont blindés tout le temps. Dans le train entre 22h et 22h30, on est presque seul. C'est rare et agréable. A partir de 22h30, c'est une très mauvaise idée d'être une femme seule dans le wagon. Il faut prendre un taxi.

Entre la station et mon bureau je me promène sur Marine Drive. Je prends le trottoir peu fréquentait et là, pendant 10 minutes, j'arrive à respirer. A trouver un moment tranquil. Il y la circulation dans la rue, mais pas trop, surtout pour cette ville surpeuplée.

Si vous ne me voyez pas en rentrant à Paris, c'est parce que je suis seule, et contente, quelque part. Seule.